@Sam Winchester

Petit à petit, Jack construisait de nouveaux repères dans cette ville qu’était Everton ; il rencontrait de nouvelles personnes, comme Grace ou Evany, ou d’autres qu’il connaissait très bien, comme Sam. Sa rencontre avec le plus jeune des frères Winchester l’avait d’ailleurs beaucoup marqué, à la fois positivement et négativement. Il avait l’impression d’avoir retrouver le grand frère qu’avait été Sam pour lui à son arrivée sur Terre, mais ne pouvait pas se défaire de l’immense culpabilité que provoquait en lui un simple échange de regards avec le chasseur.

Les phases de son humeur alternaient toujours, et il lui était toujours difficile de distinguer le bien du mal, particulièrement lorsque son empathie disparaissait, le rendant incapable d’appréhender les émotions des autres autour de lui. Comme ça avait été le cas devant la salle d’arcades, il lui arrivait de changer d’état en plein milieu d’une conversation et cela ne facilitait pas du tout ses interactions sociales et la compréhension qu’il en avait.

Pourtant, il apprenait. Pourtant, il tentait d’être meilleur, chaque jour. Evany l’avait beaucoup aidé, à sa manière, mais elle ne pouvait pas comprendre tout ce qui lui passait par la tête. Une grande partie était liée à son passé, et elle ne le connaissait pas. Mais Sam, lui…

C’est pour cela que, résolu à ne pas refaire les mêmes erreurs, à s’améliorer, Jack alla en ville acheter un petit carnet relié d’un très beau tissu à carreaux qui lui rappelait les chemises des chasseurs, et qu’il retourna au garage Winchester Mecanic pour y mettre à exécution son projet. C’est-à-dire, noter toutes ses expériences avec la réalité, à commencer par les leçons que pouvait lui enseigner celui qui était comme un père, ou un oncle, pour lui : Sam.

« Hey, Sam. » fit-il en entrant dans la petite pièce qui servait à accueillir les clients.

Il lui semblait qu’il était prêt à entendre ce que son ami avait à lui dire, car en effet, son empathie était bien présente ce jour-là. Le Néphilim s’assit sur la chaise en face du bureau et posa son carnet sur la surface devant lui.

« Je voudrais que tu m’apprennes à être quelqu’un de bien. S'il te plaît.» ajouta-t-il en se rappelant que la politesse était certainement un bon début.

@Sam Winchester

Sam avait l’air plongé dans ses pensées, et Jack se demanda ce qui pouvait bien se tramer dans son cerveau, si celui-ci fonctionnait de la même manière que le sien. Il lui semblait qu’il était différent, vraiment différent des autres, mais Sam avait toujours tenté de le comprendre et y était parvenu de nombreuses fois. Peut-être que leurs neurones formaient une mécanique similaire ? Peut-être qu’il serait plus facile d’apprendre auprès de quelqu’un qui le connaissait, qui connaissait son histoire ?

« C’est bien que ça te fasse plaisir de me voir. Ce n’était pas le cas la dernière fois. »

Il pencha la tête sur le côté, et sourit. Sa phrase n’était pas du tout dite sur le ton du reproche, simplement factuelle ; le Néphilim n’avait aucune rancœur par rapport à ce qui s’était passé lors de leurs retrouvailles, il était simplement content que le cadet des Winchester soit content, lui aussi. Est-ce que c’était ça, l’empathie ? Être heureux que quelqu’un le soit aussi ? Rapidement, il ouvrit son carnet et nota la question, pour ne pas oublier de la poser plus tard. Mais d’abord, Sam devait lui expliquer. Il fallait faire les choses dans l’ordre, méthodiquement.

Jack fut déstabilisé lorsque le chasseur lui renvoya la question : ce n’était pas comme ça qu’il avait imaginé leur échange ! Lui cherchait des réponses, comment aurait-il pu en donner une à cette interrogation ? Justement, il tâtonnait, il avait du mal à identifier ce que les autres attendaient de lui.

« Eh bien… »

Il fronça les sourcils, les yeux perdus dans le bois de la table devant lui. Être quelqu’un de bien… Il n’en savait pas grand-chose, le concept lui venait de Kelly et des souhaits qu’elle formait pour lui alors qu’il n’était encore qu’un foetus dans son ventre. Il y avait eu beaucoup de sentiments à analyser, et ceux qui dominaient étaient la peur - pour lui - et l’espoir. Espoir qu’il devienne, justement, quelqu’un de bien. Qu’il ferait de grandes choses, pour le bien de l’humanité.

« Kelly pensait que c’était faire le bien. » verbalisa-t-il pour Sam en relevant le regard vers lui.

Mais le nom de sa mère lui noua la gorge, et il baissa des yeux qui se faisaient brillants de larmes. Est-ce qu’il avait réussi ? Il en doutait, voilà pourquoi il était là aujourd’hui. Comme elle devait être déçue, là où elle était… Il fallait qu’il se concentre, ça ne menait à rien. Il essuya l’eau de ses paupières et raffermit sa prise sur son crayon, prêt à noter.

« C’est quoi, pour toi ? Tu es d’accord avec elle ? Et puis… Le problème, c’est que je ne sais pas non plus ce que c’est, “faire le bien”. »