@Apolline Homster  & James B. Barnes

Elle était en vie. C’était ce que Steve m’avait assuré. Apolline était à Everton et elle était en vie et en sécurité. Même si j’avais toujours ce sourire en songeant à sa sécurité. Depuis que j’avais retrouvé son prénom dans mes souvenirs, mes rêves et mes pensées la concernant étaient de plus en plus clairs. Je me rappelais maintenant un peu mieux son tempérament, mais également à quel point notre relation avait été intense, passionnée et pure. J’aimais et j’aime toujours autant cette femme qui a été la seule en plus de cent années d’existence à m’apporter le confort d’une relation et d’apaisement de mon âme.

Il avait dû malheureusement s’écouler plusieurs jours depuis mes retrouvailles avec Steve avant que je ne puisse me rendre dans la petite pâtisserie dont elle était apparemment propriétaire. Le fait est qu’avec mon travail j’avais manqué une journée lors de mes retrouvailles avec Steve et que même si retrouver des proches était quelque chose d’évident à Everton, cela ne justifiait en aucun cas que je ne puisse m’absenter plus longtemps. Et malheureusement, malgré toute la bonne volonté du monde, je me devais d’encaisser également la nouvelle que Steve m’avait apprise. Apolline avait perdu notre enfant en arrivant dans cet endroit. Le souvenir de la savoir enceinte était à présent à nouveau très clair pour moi. Je me souviens de cette joie immense d’apprendre que j’allais être père et bien entendu, apprendre la perte de ce bébé fut une peine tout aussi importante. Et Steve avait alors pensé – à juste titre – qu’Apolline avait également souffert de cette perte et qu’elle aurait probablement de la peine de me l’annoncer en me voyant. Alors il m’avait informé au préalable afin que j’encaisse la nouvelle avant de me retrouver face à elle. A vrai dire, je pense qu’il a bien fait puisque même si l’apprendre ne m’avait pas fait plaisir, cela m’avait permis d’encaisser le choc sans avoir à affronter le regard triste de cette qui faisait battre mon cœur.

C’était alors sur une journée de repos et parfaitement reposé et enjoué que je me rendais en direction de la pâtisserie. Nous étions un jour de semaine qui me laissait alors entendre qu’elle serait forcément à la boutique en question. Prenant mon mal en patience, je me suis alors rendu sur place, vêtu d’un t-shirt à manches longues bleu, de ma main métallique gantée et d’un jean noir pour la retrouver. Cependant, ma première surprise fut de constater qu’elle n’était pas dans la fameuse boutique. Le salarié présent me confirma même qu’elle n’était pas venue depuis plusieurs jours. Et d’un coup mon sang ne fit qu’un tour. Elle avait toujours cette fâcheuse tendance à s’attirer des ennuis. Et si elle avait tout simplement décidé de me chercher ou alors de replonger dans la criminalité ou même pire encore qu’elle s’était mise en tête de vouloir partir. J’avais soudainement ce mauvais pressentiment qui me pesait sur les épaules alors que je ressortais bredouille de l’endroit.

Mon regard se perdit un instant sur la vitrine. Comment j’avais pu la manquer durant cette année. Elle était là, sous mon nez et comme un imbécile, j’avais été incapable de me souvenir de son prénom. Le pas lourd et lent, je me retrouvais alors à errer sans but précis tandis que je m’interrogeais sur les possibilités d’endroits où je pourrais la retrouver. Et puis, j’aperçus alors l’écriteau d’un pub. Sans vraiment réfléchir et sans vraiment penser, j’en poussais alors la porte.

 @Apolline Homster  & James B. Barnes

En voyant la devanture du bar, je m’attendais à entrer dans un endroit assez calme, probablement aux allures gaéliques et à l’ambiance emplie de bière et de match de sport, mais je ne m’attendais certainement à cette ambiance festive semblable à une boite de nuit et encore moins à cette heure de la journée.  Je restais alors relativement sur la défensive, ou sur la retenue plutôt devant cette ambiance qui contrastait parfaitement avec mon état d’esprit mélancolique et peu enclin à la joie de vivre. Rien que de penser que l’amour de ma vie pouvait être en danger sans que je sache où elle se trouve me laissait frustrer et grognon…

Cependant, alors que mon regard balayait la salle du regard, je ne pus que poser mes yeux sur elle. C’était elle, forcément elle, ondulant sur le tempo de la musique comme il lui arrivait de faire dans mes souvenirs d’elle, les cheveux se mouvant selon les mouvements de son corps et m’enivrant d’un parfum idyllique alors qu’elle était clairement trop loin pour que je le sente en réalité, son regard qui se posait sur moi en même temps que je la fixais, elle. Soudainement, la musique, l’ambiance nocturne, les gens qui dansent et qui se bousculent… tout cela passe au second plan, devenant presque sourd ou aveugle à mes oreilles et mes yeux… Seul son regard, son mouvement, sa présence compte… C’est elle… Elle est là, devant moi et je sais que désormais tout ira bien…

Elle ne tarde pas à descendre de la table qu’elle s’était attribuée comme piédestal pour avancer dans ma direction. Je fais également quelques pas malgré l’idée d’être peu à l’aise en étant entouré d’une foule indisciplinée… Et lorsqu’elle s’approche enfin de moi, je ne peux retenir une certaine moue du visage. Partagé entre la joie de la retrouver de façon aussi peu conventionnelle, mais mitigé quant à sa façon de danser sur une table au milieu des hommes qui la regardent d’une façon qui pourrait leur faire regretter d’avoir osé poser les yeux sur elle. Je contracte ma mâchoire alors que je m’attends à recevoir un baiser ou une étreinte, mais rien… Un froncement de sourcil se place définitivement sur mon visage lorsqu’elle prend ma main non gantée pour m’entrainer sur la piste de dance improvisée et qu’elle danse à nouveau devant moi en posant ses mains sur mon torse, remontant jusqu’à mon cou… Est-ce un jeu pour elle ? Il ne me vient en aucun cas à l’esprit qu’elle puisse avoir perdu la mémoire puisque Steve m’avait assuré qu’elle me cherchait… Mais la femme qui est en face de moi est pourtant Apolline Homster, future Madame Apolline Barnes. Je ne peux pas faire erreur à ce point si ?

Alors pour retirer tout malentendu ou tout questionnement qui s’installe dans mon esprit, je m’approche d’elle, glissant ma main robotique dans son dos et appuyant lentement pour qu’elle se colle à moi et non plus aux autres… Mon regard n’a toujours pas quitté le sien depuis que je suis près d’elle… Ma main libre se glisse sur sa joue, caressant de mon pouce ses lèvres… Je me penche alors vers elle, approchant mes lèvres de son oreille pour lui murmurer :

« Tu fais réellement semblant de ne pas me reconnaitre Apolline ? C’est ma punition pour avoir mis tant de temps à te retrouver ? »

 @Apolline Homster  & James B. Barnes

Dès lors que je l’ai vu danser dans ce bar, j’ai su. Comme un récapitulatif de nos moments passés ensemble s’est installé devant mes yeux et je me suis souvenu de tout ce que l’on avait vécu, de nos moments de doute, de nos moments de joie, de nos projets, de nos envies, de notre amour puissant et inconditionnel. Parce que mon amour pour elle était d’une telle force que je me demandais alors si ce bar ne m’avait appelé pour qu’enfin je la retrouve et qu’enfin je sois à nouveau avec elle.

Pourtant, en la voyant se trémousser ainsi devant tant d’inconnus, je ne peux contenir ma mâchoire qui se braque et la jalousie qui monte en moi. Mais elle me remarque enfin et ne tarde pas à venir vers moi. Je la reconnais bien là, frivole, aguicheuse et exubérante mais c’est ainsi que je l’aime. J’ai un fin sourire sur les lèvres mais ce dernier ne reste que peu de temps affiché sur mon visage puisqu’elle m’entraine alors dans une danse sexy comme si elle désirait me draguer et surtout comme si elle ne me reconnaissait pas. Je tente de jouer le jeu en collant mon corps au sien et en lui demandant clairement si c’est ma punition mais la réaction à laquelle je m’attendais n’est pas celle qui se produit devant moi. Elle me repose et je la retiens de mon bras mécanique et je lis aussitôt de la peur, de l’incompréhension dans son regard. Elle ne me reconnait pas ? Elle ne sait pas qui je suis ? Comment cela est possible ? Je plonge mon regard dans le sien et tente de lire en elle malgré que j’en sois littéralement incapable.

Pourtant la seconde suivante, malgré le brouhaha de la musique et le nombre de personnes qui dansent autour de nous, j’entends qu’elle prononce mon prénom. Mon vrai prénom. Tout le monde m’appelle Bucky ou Barnes depuis des années mais elle seule m’appelle James. Sourire n’est pas des plus évidents, cela ne l’a pas été depuis longtemps mais en sa compagnie – comme en la compagnie de Steve – j’y parviens plus facilement. Alors je souris à son simple appel de mon prénom en répondant doucement :

« C’est moi mon amour… »

Elle est mon amour, la femme que j’aime depuis des années et que l’arrivée à Everton avait voulu effacer de ma vie. Mais je me suis battu, j’ai cherché, j’ai fouillé et je me suis souvenue d’elle, de nous. Mais alors que j’aurais pensé qu’elle m’aurait simplement souris ou même embrassé, non, elle me repoussa davantage, allant même jusqu’à prendre le contrôle de mon bras pour que je la lâche. Je la suis du regard alors qu’elle sort en furie, plaquant une main sur sa bouche.

Je dois avouer que je reste figé plusieurs secondes avant de partir à sa suite pour la rejoindre dehors, loin du bruit, loin des gens mais surtout près d’elle… Je referme la porte derrière moi et l’observe en silence alors qu’elle ne semble pas se sentir bien. Alors que j’ouvrais la bouche, cherchant les bons mots à dire pour qu’elle ne me fuie pas, je l’entends s’excuser… J’avance de quelques pas pour réduite la disctance qui nous séparent et je passe lentement une main dans son dos… L’autre attrape ses cheveux pous que je puisse voir son visage et qu’elle ne vomisse pas dans ses propres cheveux au cas où :

« Tu n’as pas à t’excuser… enfin, je ne crois pas… Si c’est pour la danse… je m’en fous… L’essentiel est que tu ailles bien. Dis-moi que tu vas bien ? »

Je me redresse et je l’invite à faire de même. Ma main dans son dos remonte jusqu’à son épaule alors que l’autre glisse doucement sur sa joue :

« Dis-moi que je ne me trompe pas, que tu es bien Apolline Homster, la femme que j’aime et que j’ai cherché à retrouver dans mes souvenirs et dans cette fichue ville depuis que je suis ici… Dis-moi que c’est toi mon amour ? »