@Gwen Stacy & Peter B. Parker

Aujourd’hui, je suis tombé sur une tour qui m’a perturbé. Cette tour me hante parce qu’elle ressemble tellement à la tour de mon monde et cela m’effraie. Et si le Harry Osborn de mon monde était ici ? Qu’est-ce que je ferais ? Il est celui qui est en partie responsable de la disparition de Gwen… Même si je sais pertinemment que j’ai ma part de responsabilités dans tout cela et que je m’en voudrais jusqu’à mon dernier souffle pour cela. J’ai questionné des personnes, certains me disent y travailler depuis plusieurs années mais je ne l’avais pas vu avant. Et je suis moi-même arrivé depuis si peu de temps... Cette ville me semble tellement étrange mais en même temps, est-ce qu’il n’y a pas une part de moi qui espère qu’une Gwen Stacy puisse y être en toute impunité sans que je n’aie pu la croiser plus tôt. Je secoue la tête à cette pensée avant de remettre ma capuche sur la tête et de quitter les lieux comme je suis venu. Pourtant mes pas ne me guident pas par le chemin habituel et je contourne la tour pour rentrer chez moi en silence, dans cette nuit sombre, aussi sombre que l’est mon cœur et toute mon âme. Il n’y a pas de Gwen dans ce monde, je dois me faire une raison. Cela fait trop longtemps que j’espère, trop longtemps qu’une part de moi veut y croire, se raccrocher à cet espoir qui peut-être comblerait ce trou béant qui s’est creusé dans ma poitrine.

Je ère sans but, sans objectif pendant de longues minutes. Je ne me rends même plus compte des directions que je prends. Comme si mon esprit était embrumé par mes pensées. Et sans m’en rendre compte, je me retrouve non loin de l’hôpital de la ville. Mon regard se perd vers l’établissement qui est à la fois étrangement calme alors que je pense que l’intérieur se doit d’être actif. C’est un hôpital après tout. Mes yeux retombent alors vers la porte d’entrée de l’hôpital sans que j’y prête vraiment une grande attention au premier coup d’œil. Juste un rapide regard vers cette jeune femme qui sort du bâtiment à une heure plus que tardive avant de reprendre ma marche. Mais après quelques pas, mon intuition me hurle de me retourner de nouveau, la jeune femme avance à un pas suffisamment accéléré pour être d’ores et déjà de l’autre côté de la route. C’était une hallucination, une fausse intuition et rien de plus. Mon esprit me joue des tours encore et toujours comme chaque fois que je vois une jeune femme blonde qui semble être Gwen alors qu’il n’en n’est rien. Je pourrais reprendre ma route, et enfin reprendre le chemin de mon chez moi mais, je vois alors un homme, encapuchonné comme moi qui la suit du regard et qui, dès qu’elle entre dans la petite ruelle non loin de lui, jette son mégot pour se diriger à sa suite.

Sans que je n’aie le temps de le commander à mon corps, celui-ci a déjà fait demi-tour pour marcher vers eux et voir s’il s’en prend à elle. Il ne perd d’ailleurs pas de temps mais je suis encore loin d’eux pour intervenir. Malgré ma vitesse accrue, il a le temps de la menacer et même de la frapper avant de que n’arrive. Ce n’est pas la première fois que j’agis pour aider quelqu’un et cela sans masque. Je n’ai que ma capuche pour ne pas être trop visible et vu le faible éclairage de la ruelle, il ne voit pas mon visage alors que je le tire par l’épaule pour le projeter en arrière et lui asséner un violent coup de poing sur le visage. Il tombe rapidement mais a toujours son arme en main. Je marche sur son poignet sans ménagement et donne un rapide coup de pied dedans pour faire glisser l’arme sous une benne. Rapidement je l’attrape par le col et je sens la colère qui monte. Sans même un regard pour la jeune femme je m’en prends à cet homme qui n’aurait pas dû se trouver sur mon chemin et qui n’aurait pas dû agresser quelqu’un alors que je n’étais pas loin. Je lui envoie un second coup dans le nez et celui craque le faisant crier et saigner abondamment :

« Tu n’aurais pas dû t’en prendre à une personne sans défense, connard ! »

Je le frappe encore plusieurs fois sans m’arrêter et il n’a pas même le temps ni la force de répliquer. Mais alors qu’il est couvert de marque, je le lâche et le laisse gisant au sol. Regardant rapidement autour de nous, je voie une barre de fer que j’attrape et que je cogne sur la benne :

« Si tu restes là, je te pète les deux jambes et si tu rôdes encore dans le coin, je te tue. »

L’homme, qui est en panique, recule en me montrant un visage horrifié. Mais cela ne fais pas redescendre ma colère pour autant. A la place, je fais semblant de lever la barre de fer et l’avançant vers lui comme si j’allais le frapper à nouveau. Il me supplie et je m’arrête avant d’ajouter un dernier ordre :

« Dégages. »

Je le regarde partir, le sourire aux lèvres. La satisfaction d’avoir aidé quelqu’un n’est rien finalement comparé à l’adrénaline délivré par ma colère ainsi matérialisée. Je me retourne lentement pour regarder comment se porte la victime en restant à bonne distance, la barre de fer toujours en main :

« Est-ce que ça ….va ? »

Je me tourne alors vers cette femme, cette blonde, cette demoiselle qui me fait face. La ruelle est sombre mais son visage est pour moi unique et inoubliable. La barre de fer me glisse des mains et tombe sur le sol dans un bruit assourdissant alors que je reste comme figé devant la personne qui est devant moi… Ma bouche est restée entrouverte et je sens mon cœur qui s’arrête, qui s’emballe, et s’arrête à nouveau. C’est impossible, c’est insensé, c’est inimaginable. Cela ne peut pas être elle, cela ne peut pas être possible, c’est encore un coup de la ville ou un coup de mon esprit torturé. Je voudrais parler, je voudrais prononcer son prénom mais rien n’arrive à sortir de ma bouche hormis. Mes jambes reculent par réflexe. J’ai juste envie de partir et d’aller oublier ce visage qui me hante et que je vois partout. Seul mon bras parvient à faire un mouvement pour faire tomber ma capuche et dévoiler entièrement mon visage à cette femme qui ne peut pas être quelqu’un d’autre que Gwen, ma Gwen Stacy…. Mais c’est impossible. Elle est morte dans mes bras il y a près de huit ans maintenant. Moi j’ai vieillit et elle semble la même… Elle est toujours la même alors que je ne suis plus que l’ombre de moi-même …

« G… Gwen… »

@Gwen Stacy & Peter B. Parker

Perdre Gwen avait brisé ma vie, brisé mon cœur et mon âme de super-héros. Oui, j’avais remis le masque de l’araignée, mais je n’avais jamais pu être l’homme qu’elle aurait voulu que je sois et encore moins l’homme que j’étais avant sa mort. La colère s’était alors emparée de moi et comme je l’avais fait ce soir, les coups étaient désormais plus durs, plus incontrôlés. Désormais j’étais dans ce nouveau monde et il n’était plus question pour moi de porter le masque. Cependant, face à des injustices comme ce soir, je ne pouvais simplement pas rester les bras ballants alors oui j’avais agi pour défendre la jeune femme qui se faisait agresser sans avoir vraiment vu son identité.

Après l’avoir empêché de faire plus de mal et surtout après avoir cogné en laissant ma colère s’emparer de moi, je lui laisse finalement une chance de s’en sortir. Je ne tuerai personne ce soir. Parce que oui, il m’était arrivé de tuer et de me laisser aller à la vengeance silencieuse, mais Peter#2 m’avait bien fait comprendre que ce n’était pas la solution. Lui avait les mots, la sagesse et il était d’ores et déjà semble-t-il passé par là dans le passé.

Une fois l’agresseur parti en courant, prenant la fuite comme le lâche qu’il était, je m’étais alors retourné vers la jeune femme dont j’avais alors instantanément reconnu les traits. La stupéfaction s’empara alors de tout mon être. Cela ne pouvait pas être vrai. Elle ne pouvait pas être là. Elle est morte et la voilà maintenant belle et bien vivante devant moi. J’en lâche alors la barre de fer que j’avais en main tant je reste bouche bée.

Je retire ma capuche et avance d’un pas, mais n’ose pas avancer plus de peur de me tromper mais elle prononce alors mon prénom. Elle me reconnaît, elle sait qui je suis… C’est la Gwen de ma réalité ? La vraie… Les mots me manquent alors qu’elle s’approche de moi et qu’elle place ses mains de part et d'autre de mon visage. Mon regard s’embue alors de larmes que je retiens de couler, mais qui ne la quitte pas un seul instant des yeux. Les bras ballants, je n’ose pas bouger de peur que tout ceci ne soit une illusion, un mirage créé par cette ville étrange, ou pire par mon esprit lui-même.

Elle sourit, mais je suis bien incapable d’en faire autant. Son cœur avait cessé de battre alors qu’elle était dans mes bras. Elle ne respirait plus et son sang s’écoulait par le nez. La vision de ma Gwen morte dans mes bras me hante depuis 8 ans quand elle semble être exactement la même de son côté. Je secoue la tête de droite à gauche ne réalisant pas ce qui se passe. Reculant d’un pas, je semble me résigner à ce que tout ceci ne soit pas réel :

« Non non non… Tu es morte dans mes bras… Ça fait huit ans Gwen … ça ne peut pas être toi là maintenant. Tu étais dans mes bras, sans le moindre signe de vie… »

Je recule alors d’un pas en sentant ma gorge se nouer tant la douleur est énorme dans ma poitrine… C’est un leurre, une souffrance, un cauchemar… Ce n’est pas elle…

« Je t’ai enterré, je t’ai pleuré, … Gwen… Tu étais morte… C’était il y a huit ans… »

Je sais que je me répète mais je ne peux pas y croire… J’ai déjà trop eu mal… Si ce n’est pas elle, je ne pourrais jamais m’en remettre… Alors autant ne pas songer à l’idée que cela soit vraiment elle… Mes jambes me lâchent soudainement et je me retrouve à genoux… Le visage bas et le sentiment que tout ceci n’est qu’une épreuve de plus pour avoir tué la femme de ma vie. Les larmes ne s’arrêtent plus de couler mais elles n’ont rien des larmes de joies :

« Tu es morte par ma faute… Gwen… Je n’ai pas su te protéger… »

@Gwen Stacy & Peter B. Parker

La scène qui se déroule devant mes yeux est un mirage auquel je n’ose croire. Un doux rêve qui est en fait le pire de mes cauchemars. Gwen Stacy, ne peux pas être devant moi tant la douleur que j’ai ressenti toutes ces années et le manque de sa présence a dévoré mes entrailles. Je ne peux que penser et croire que tout ceci n’était qu’une épreuve supplémentaire de la vie et, ou, de mon esprit qui commence à me jouer des tours. Je refuse d’y croire, de penser que peut-être j’ai le droit à ce bonheur véritable et pur, cela ne peut pas être vrai.

Elle se précipite vers moi, semble étonnée mais heureuse de me retrouver quand je suis totalement perdu et peut-être trop dans le déni. Car non, je ne parviens pas à ressentir cette même joie qu’elle me montre. Je pleure mais les larmes silencieuses sur mon visage ne sont que des démonstrations de ma douleur ressentie durant si longtemps, cette rage contenue ou non qui m’a consumée depuis sa disparition. Je recule d’un pas puis d’un autre pour me conforter dans cette idée qu’elle n’est qu’une illusion de mon esprit, une chimère qui brûlera ce qu’il me reste d’âme dès qu’elle disparaîtra. Je m'écroule sous le poids de cette culpabilité qui me consume depuis tant d’années dans un aveu funeste que sa disparition est entièrement de ma faute.

Elle me parle mais je ne l’entends pas, je secoue la tête comme pour tenter de me réveiller de ce cauchemars infini qui est le mien. Elle me dit qu’elle n’est pas morte mais c’est faux, elle est morte dans mes bras. Elle me dit qu’elle est là depuis six mois mais c’est faux, pour moi sa disparition était il y a huit années. Elle me dit que je l’avais rattrapé avec sa toile, mais ce n’est pas ce qui s’est passé, je ne l’ai pas rattrapé assez vite et je n'ai pas pu empêcher sa chute.

Je sanglote alors qu’elle s’approche de moi tout en me parlant, sa voix calme mes pleurs mais je ferme obstinément les yeux pour refuser de la regarder tant je sais que la douleur sera grande quand elle sera à nouveau loin de moi. Et c’est à cet instant que j’entends sa voix plus clairement. Elle est proche de moi, peut-être même agenouillée devant moi et je l’entends me parler de ce que j’ai pu vivre avec Gwen… avec elle… Elle me dit des mots qu’une autre personne n'aurait pas pu savoir car je n’en n’ai jamais parlé avec quiconque.

Peu à peu, je relève les yeux et le visage et je sens enfin ses caresses sur ma peau. Elle m’a d’ores et déjà touché mais maintenant je la ressens vraiment. J’ouvre alors les yeux sur la scène qui se déroule devant moi et je réalise ce qu’il est en train de m’arriver. Peut-être que le bonheur et la rédemption me sont alors accordés. Peut-être ai-je le droit de penser qu’il s’agit bien de Gwen… Ma Gwen… et qu’elle est belle et bien en vie devant moi. Ma main se lève doucement et se loge sur la sienne pour accentuer sa caresse alors que j’enfouis mon visage dans le creux de sa main.

« Gwen… »

Elle est ma Gwen, elle le pense et je commence doucement à y croire. Cette ville est sincèrement très surprenante. En arrivant ici, j’avais pensé que peut-être je pourrais la retrouver et après des années d’errance ailleurs et des mois ici, j’avais fini par baisser les bras et c’est alors à cet instant qu’elle apparaît devant moi comme la réponse tant attendue à mes prières interdites. Ma seconde main se pose sur sa joue, caressant de mon pouce sa peau veloutée tandis que mon majeur se glisse sous son oreille. Je plonge mon regard dans le sien avec profondeur avant de l’attirer à moi la seconde suivante pour lui voler un baiser ou plutôt vérifier d’une autre manière qu’il s’agit bien de mon amour perdu. Le contact de ses lèvres est une douce récompense que je savoure une seconde avant d'inspirer passionnément en l’attirant à moi un peu plus, glissant mes deux mains dans son cou et dans son dos. J’oublie alors où nous sommes, j’oublie la ruelle sombre, j’oublie l’agresseur de Gwen, j’oublie ce monde mystérieux, il n’y a plus rien d’autre qui compte qu’elle et moi. Notre baiser de retrouvailles s’éternise et j’adore cela. Même l’oxygène commence à me manquer, je ne veux pas me détacher de cette femme qui m’a tant manqué.  Huit années. Une attente profondément longue mais qui me semble désormais bien loin derrière moi quand je la sens au creux de mes bras, respirant le même air que moi. Enfin nos lèvres se détachent pour un court instant ou je croise son regard empli d’une passion et d’un désir que je ne lui connaissais pas. Il en est de même pour moi à dire vrai. Je la désire profondément et cela depuis que je la connais.

« Je t’aime Gwen… Je t’ai toujours aimé… Je ne t’ai jamais oublié… »

Je l’embrasse à nouveau en inspirant profondément et en prolongeant cette passion de ma langue qui s’insinue entre ses lèvres pour se mêler à la sienne. Elle est là. Je commence doucement à y croire, à penser que cela est peut-être finalement possible et à me dire que je suis alors l’homme le plus redevable qui soit dans cette ville à propos de ces retrouvailles. Je glisse à nouveau mes mains sur son visage en interrompant notre baiser :

« Mais où étais-tu depuis tout ce temps ? Tu es arrivé ici directement après ta m… ta chute ? »

@Gwen Stacy & Peter B. Parker

Réaliser que l’impossible peut se produire sous mes yeux et que la femme que j’ai toujours aimée est belle est bien devant moi à nouveau alors que je l’avais vu mourir dans mes bras, que je l’avais enterré et que je l’avais pleuré corps et âme. Réaliser que la vie m’offrait une nouvelle chance de la retrouver, mais aussi m’offrait une chance de trouver enfin la paix et l’apaisement dont j’avais toujours manqué. Depuis que j’ai commencé à mettre ce masque d’araignée, la culpabilité de causer du tort, voire de provoquer la mort à mes proches, me ronge de l’intérieur et me détruisait.

Ces dernières semaines, j’ai doucement tenté de recoller les morceaux de mon âme déchirée. Peu à peu, j’ai croisé d’autres personnes avec qui j’ai noué des liens plus ou moins proches. Mais j’avais toujours gardé cette part d’ombre en moi en même temps que je n’avais pas retrouvée celle qui avait éternellement fait battre mon cœur. Gwen était mon âme sœur et cela rien ne pouvait l’en empêcher. Mais l’espoir de la retrouver s’amenuisait déjà. Et voilà qu’elle est là maintenant devant moi, dans mes bras, à me dire des faits que seule la véritable Gwen de mon monde peut savoir. C’est elle, c’est bien elle et comme pour une dernière confirmation, je l’embrasse. Ce baiser, ce contact qui m’avait tant manqué et qui me transporte instantanément dans un autre monde de rêves et de songes inavoués. Car oui, Gwen et moi étions des adolescents, des gamins, lorsque nous nous sommes connus. Désormais, nous sommes des adultes. Elle est plus jeune que moi dorénavant puisque j’ai bien l’impression d’avoir vécu plus qu’elle, du fait de son décès prématuré, mais qu’importe. Je l’aime comme au premier jour et à présent qu’elle est devant moi, plus rien ne pourra me séparer d’elle, plus rien, jamais.

Je lui avoue mon amour comme au premier jour, je n’ai jamais cessé de l’aimer, je n’ai jamais aimé une autre qu’elle et cela ne sera jamais le cas. Et l’intensité de notre nouveau baiser est plus passionnée, plus important, il est annonciateur d’une relation toujours aussi réciproque, nourrit par le désir inavoué que nous avons ressenti chacun de notre côté. Elle m’a tant manqué, mais je me rends alors compte que le manque était réciproque et tout aussi comblé par ce baiser.

J’ai besoin malgré tout de comprendre ce qui lui est arrivé et comment cela se fait-il qu’elle soit plus jeune que moi, mais surtout pourquoi maintenant ? Je sais que la ville nous joue des tours, mais j’ai du mal à croire que Gwen était là depuis tout ce temps, sous mon nez. Ses mots me glacent et je me remémore son corps inerte dans le sol de cette tour près de la centrale d’Oscorp, là où Harry l’a fait tomber et où j’ai échoué pour la rattraper. Elle me pose à son tour des questions, mais je sens que les larmes menacent de couler de nouveau, ma gorge se noue…

« Je… »

Je comprends alors qu’elle n’a pas vécu la même chose que moi dès lors qu’elle a succombé à sa chute. Elle s’est réveillée dans cette ville et pour elle seulement quelques mois nous séparent de notre dernière rencontre. Ce que j’ai vécu est bien différent :

« Gwen… Ma réalité est différente de la tienne… Quand tu es tombée dans cette tour, je n’ai pas réussi à te rattraper… Tu es morte dans mes bras. Je t’ai enterré et je t’ai pleuré… Et ma vie a continué, sans toi…. Sans personne. Je suis resté sept années ainsi, sept longues années avant de me retrouver dans cette ville où je suis arrivé il y a quelques semaines avant de te retrouver ce soir… Pour moi, notre séparation a duré quasiment huit ans… C’est pour cela que j’ai l’air plus vieux que toi, je le suis vraiment… »

Je m’arrête un instant avant de me racler la gorge et de reprendre pour lui raconter ce que je vis maintenant :

« Depuis mon arrivée, j’enchaîne les petits boulots, j’ai remarqué seulement ce soir qu’Oscorp existait aussi ici… Cet endroit est démentiel et je tente encore de le comprendre. Et en même temps, c’est apaisant de voir que je ne suis pas le seul à être perdu. Nous avons tous perdu des êtres chers. Et personnellement, en te perdant toi, j’avais perdu le goût d’être Spider-Man, je n’ai toujours pas remis le masque depuis que je suis arrivé ici d’ailleurs… »

@Gwen Stacy & Peter B. Parker

Lui révéler ce qu’il lui était arrivé alors même qu’elle n’en avait pas eu conscience était pour moi un moment délicat et assez douloureux. Si j’avais tendance à me remémorer chaque seconde de cette soirée-là afin d’étudier le tout pour trouver une autre alternative qui aurait pu lui sauver la vie, je n’avais en revanche révélé à personne les détails de cette soirée ainsi que de mon ressenti. J’en avais rapidement développé les grandes lignes aux autres Peter sans pour autant tout leur expliquer.

C’était pour elle l’occasion de comprendre pourquoi j’étais visiblement plus âgé, mais également pourquoi je semblais être plus sombre que le Peter qu’elle avait connu tout en étant le même. Et surtout, elle est en mesure de comprendre ma réaction première qui était de refuser de croire qu’elle était bien « ma Gwen ».

Sa réaction est comme je m’y attendais, elle est choquée, ce que je ne peux que comprendre à vrai dire. Et en même temps, elle n’éprouve aucun regret. Je la regarde, interloqué. Je me sens épuisé de la culpabilité et des regrets que je peux ressentir vis-à-vis de sa disparition, mais elle n’est pas le moins du monde dans le regret ou la méprise. Elle ne m’en veut pas de ne pas l’avoir rattrapée à temps. Elle est confiante dans l’idée qu’elle a bien fait de me rejoindre ce soir-là. Mon regard se perd dans le sien alors que j’ai envie de lui hurler qu’elle n’aurait jamais dû venir, que j’aurais dû la rattraper, mais aucun mot ne sorte de ma bouche entrouverte. Non, je reste muet, stoïque devant cette réaction.

Je hoche la tête en silence et finit par me racler la gorge en parlant de ma vie actuelle comme elle le demande. Parler de cette nuit-là est véritablement trop douloureux pour moi et trop sensible. Et finalement, lui parler de ma vie présente est moins douloureuse même si elle n’en reste pas moins pitoyable à mes yeux.

« Oui, j’ai repris la photo parce que je ne voulais pas faire une carrière scientifique. Revenir ici m’a donné un peu comme une seconde chance. Plus de Spider-man, plus de sciences, plus de génétique, plus d’ADN modifié… »

Je baisse les yeux en l’écoutant me parler d’Oscorp. En vérité, je me demande si Harry est présent dans ce monde et qu’est-il devenu ? Est-ce le Harry devenu fou de rage que j’ai connu à la fin ou est-ce mon meilleur ami en mal d’amour et de reconnaissance de son père ? Peut-être que la curiosité me laissera aller jusque dans les locaux de cet endroit, mais ce soir, en présence de Gwen, je ne veux pas penser à lui. Je ne veux pas penser au meurtrier de ma petite amie.

Je relève les yeux vers elle lorsqu’elle me caresse la joue. Je me rends compte qu’une larme coule sur ma joue en silence, telle une vague de douleur qui s’évapore de mon corps maintenant que Gwen est en face de moi. Comme si elle lisait dans mon esprit, elle reprend la parole pour me rassurer et faire comprendre qu’elle est belle et bien de retour dans ma vie, et cela, pour ne plus jamais en repartir.

Avant que je ne puisse ajouter un mot ou une parole, elle m’embrasse à nouveau avec passion. Mes mains directrices de mon cœur l’entourent de mes bras et l’enlacent pour ne plus qu’elle s’échappe, qu’elle disparaisse. Une main se faufile dans ses cheveux alors qu’elle fait pareil de son côté. Je frissonne à son contact, savourant cette sensation qui m’avait à la fois terriblement manqué et dont j’ai également l’impression que c’est la première fois que je la ressens.

« Gwen… »

Un murmure doux et demandeur entre deux baisers alors que je l’approche de moi un peu plus pour sentir son corps contre le mien. Nous sommes encore dans la ruelle sombre et je réalise alors qu’elle mérite tellement mieux que cet endroit sordide. Après plusieurs baisers passionnés et un manqué évident d’oxygène, je m’interromps haletant pour remettre ses cheveux en place d’une main tout en admirant son visage :

« Est-ce qu’on n'irait pas ailleurs ? Tu habites dans le coin ? »

@Gwen Stacy & Peter B. Parker

Pincez-moi sérieusement, je me rends compte en la voyant là, devant moi que je n’avais fait que survivre en son absence. J’avais l’impression de souffrir et d’avoir mal, mais en fait, j'étais totalement éteint et la revoir me redonne goût à la vie comme jamais. Dire que je suis le plus heureux des hommes serait un euphémisme. Il n’existe pas de sentiment assez fort pour que je comprenne ce qu’il m’arrive.

Pourtant, je dois revivre ces années de souffrance et de solitude en lui expliquant ce que j’ai vécu de mon côté parce qu’elle n’en a tout simplement pas conscience. Et oui, je lui avoue également que je ne suis plus Spider-Man. Je n’ai pas remis le costume et même si cela manque à ma vie parfois, je sais que c’est la meilleure chose à faire parce qu’il y a trop de vécu, trop de souffrance et surtout trop de colère quand je suis sous l’apparence de l’araignée. Gwen semble enthousiaste pour la photo et j’esquisse un sourire en l’écoutant :

« Ouais… Je te montrerais, mais pour l’instant, je n’ai pas d’emploi fixe… mais cela ne devrait pas tarder puisqu'avec le côté araignée en moins, j’ai carrément plus de temps libre. »

Est-ce que cela me manquait… Dire non serait un mensonge, mais je pense que dire oui n’était pas entièrement la vérité, alors je reste dubitatif et vague :

« Disons que c’est mieux ainsi, pour moi et pour cette ville… Ouais j’ai mes pouvoirs, mais je ne m’en sers pas. J’ai même retiré mes bracelets, regarde. »

Je lui montre mes poignets dépourvus de mes bracelets lance toiles que je ne quittais pour ainsi dire jamais depuis que je les avais conçus parce que pour moi, c'était être prêt à agir n’importe quand et n’importe où, mais désormais, je ne suis que Peter Parker.

Après avoir évoqué Oscorp et le fait que nous sommes bel et bien à nouveau réunis, la douleur laisse progressivement sa place à la passion et l’envie de profiter de nos retrouvailles. L’embrasser, toucher sa peau, sentir son odeur, entendre ses soupirs de plaisir quand je suis près d’elle… tout cela m’avait terriblement manqué. Mais les conditions ne sont pas optimales et je ne tarde pas à reprendre le dessus pour demander à Gwen si elle habite loin. J’ai envie de passer du temps avec elle, de rattraper le temps perdu – même si j’en ai plus perdu qu’elle – et de profiter de chaque instant supplémentaire avec elle. Cette brèche, cette ville nous donne une seconde chance et je ne veux pas la gaspiller. Je veux en profiter.

Nous ne tardons pas à prendre la route de son appartement et je la regarde tout en lui tenant la main alors que nous marchons comme si le temps s'était arrêté. Rapidement, l’on arrive à son appartement et alors qu’elle me souhaite la bienvenue, je ne regarde même pas les lieux, je n’ai d’yeux que pour elle. Je referme la porte et l’embrasse à nouveau avec douceur et passion avant profiter du reste de la soirée et de la nuit à ses côtés. Outre les câlins, les baisers tout doux et les quelques caresses, nous avons passé la majeure partie de la nuit à discuter de tout et de rien, mais surtout de nous, nos projets, nos envies. Qu’allons-nous faire maintenant que nous sommes réunis ? Je suis le plus heureux des hommes à ses côtés et je m’endors dans ses bras en étant parfaitement sûr et certain qu’elle sera là à mon réveil.