@Sebastian Sallow  & Anne Sallow

Visiter Everton était une tâche que je m’autorisais dans les bons jours. Depuis mon arrivée ici, j’avais quelques difficultés à m’adapter à ma nouvelle condition de « non-maudite ». C’était étrange de penser ainsi et ne même temps, c'était pour moi une sorte de renaissance. Malgré le fait que la magie ne m’avait pas aidé sur la fin de la vie précédente, c'étaient les remèdes forts des modlus qui atténuaient les douleurs, mais qui crééent également une certaine dépendance. Si le sevrage avait été mis en place à mon arrivée à Everton, en même temps que des examens médicaux, je n’avais plus de malédiction apparente. Cependant, je ne semblais pas entièrement guérie. Magie oblige, mon corps s’était comme imprégné par les douleurs et les spasmes, ce qui me donnait régulièrement des rappels à l’ordre afin que je me souvienne toujours de ce que j’avais traversé. Rien d’aussi insurmontable qu’avant, certes, mais c’était malgré tout assez douloureux parfois pour me rendre incapable de faire quoique ce soit.

Et puis, un jour, j’avais eu des échos comme quoi, il existait dans Everton, un quartier où la magie semblait à l’œuvre. C’était à la boutique de fleurs que j’avais entendu des clientes en parler. Même si la magie ne faisait plus vraiment partie de ma vie, il me fallait en avoir le cœur net. Je ne peux nier également que cela avait ravivé en moi cet espoir de retrouver des personnes que je connaissais. Même si cet espoir était mince, je me devais de croire que peut-être Ominis, Sebastian ou même oncle Solomon étaient dans le coin. Sebastian… Mon frère, mon ancre, mon pilier. Il avait sombré dans les arts sombres, et cela, par ma faute et je l’avais renié. J’avais été de ceux qui l’ont envoyé à Azkaban. Je m’en suis voulu jusqu’à mon dernier souffle. Dans mes pensées, il y avait mon frère, dans mes cauchemars il était là ainsi que dans mes rêves. Toujours présent, toujours protecteur, toujours attentionné, à l’écoute et toujours à mes côtés. Chaque réveil était presque devenu une torture et mon arrivée à Everton n’avait pas fait exception. Alors retrouver mes marques, retrouver la magie m’avait aussitôt paru être une bonne idée et l’espoir était revenu dans ma vie en même temps que j’avais mis les pieds dans ce quartier. Entre les hiboux qui virevoltaient au-dessus des boutiques et des maisons, l’ambiance parfaitement présente de la Magie. Je la ressentais en moi alors que je passais devant la boutique de baguettes. Il me faudrait prochainement une nouvelle baguette d’ailleurs. Et soudain j’ai redécouvert une façade d’une boutique que j’avais adorée étant enfant avec Sebastian. Honeyduckes. Les odeurs, les couleurs, les sensations tout y était pareil. Sans attendre, je ne pu me retenir de pousser la porte de la boutique pour me revivre un moment de mon enfance. Fermant les yeux, je plonger mon nez dans les parfums de bonbons et autres confiseries que j’aimais tant. Profitant de cet instant de nostalgique, je ne remarquais même pas les autres clients de la boutique.

@Sebastian Sallow  & Anne Sallow

Qui aurait pensé qu’en un battement de cils, ma vie allait profondément changer. Qui aurait pensé qu’un jour, je pourrais me retrouver dans cette boutique qui est sensiblement la même que celle que j’ai toujours connue, mais tout en étant dans une tout autre ville et même dans un tout autre univers. Honeydukes était un endroit qui me rappelait mon enfance, mes joies et mon innocence. Toute une période de ma vie qui a été balayée quand je suis tombée malade, puis quand mon frère a été trop loin et enfin quand je suis arrivée ici. J’ai le sentiment d’avoir toujours eu ce besoin de retourner en enfance ne serait-ce que pour un instant. Comme si tous mes tracas et mes soucis s’achèveront en un claquement de doigts. Et c’est ce qu’Honeydukes m’offre comme impression là tout de suite et même si c’est éphémère, je n’ai pas envie que cet instant s’arrête trop vite.

Pourtant, je suis comme arrachée à mes songes et mes idéaux alors que quelqu’un pose sa main sur mon épaule pour me retourner afin que je sois face à lui. Et soudain le temps s’arrête, reste comme suspendu dans l’air. Cette seconde de réaction me donne l’impression d’être comme dans du coton. Sebastian. Mon frère, mon ancre, mon pilier, ma moitié pour vivre. Il est là, bel et bien vivant, et en forme, en face de moi. Mes yeux s’écarquillent alors que je n’ai pas le temps de prononcer le moindre mot que je me retrouve enlacée, serrée et même comprimée, mais j’aime cette nouvelle sensation qui m’avait tant manqué. C’était comme si je respirais à nouveau. Mes bras ne tardent pas à s’enrouler autour de lui alors que je hume son parfum en enfouissant mon visage dans son cou. Mon Dieu qu’il m’a manqué mon frère.

« Sebastian… »

Dire son prénom, c'est comme m’assurer que je ne délire pas. Autant que lorsque mes mains se resserrent davantage sur vêtement, je ne veux plus qu’il s’éloigne de moi. C’est lui, hein, je ne suis pas en train de rêver. Finalement, j’ai besoin de vérifier et je me redresse un instant pour croiser son regard et poser mes mains de part et d’autre de son visage :

« C’est toi mon frère ? Je ne délire pas ? »

Je ne me rends même pas compte que des larmes coulent sur mes joues, des larmes de joies, et cela, malgré tout ce que nous avons traversé et tout ce que Sebastian a pu faire.

@Sebastian Sallow  & Anne Sallow

Avoir tant rêvé de retrouver une partie de moi-même et l’avoir enfin entre mes mains sont deux choses totalement différentes. L’espoir ressenti alors durant tout ce temps n’était en rien à la hauteur de la joie que je peux ressentir maintenant qu’il est en face de moi, dans mes bras. Je me laisse entrainer à cette étreinte salvatrice de nos retrouvailles fraternelles qu’une part de moi pensait illusoires et hypothétiques.

Si je cherche à capter son regard, lui ne parvient pas à ancrer le sien dans le mien. Au fond de moi, cela me peine, mais pas autant que la joie ressentie d’être à nouveau près de lui. Je retire mes mains de son visage lentement alors qu’il regarde ailleurs et je me surprends à accepter ce défilement en murmurant simplement :

« Toi aussi, tu m’as tant manqué mon frère. »

Sentir les mains de mon frère sur mes épaules, comme il avait l’habitude de faire pour me détailler et me voir de toute ma hauteur, me fit sourire. Malgré les années, il avait toujours les mêmes réflexes, et cela, même si je ne faisais qu’imaginer l’enfer qu’il avait vécu là-bas… Mais au lieu de cela, il parle de moi… de mon problème de santé qui nous a clairement pourri la vie et qui m’a clairement séparé de mon frère… Mais lui répondre sans même un regard pour moi me faisait mal alors, je posais à nouveau une main sur sa joue pour relever ses yeux vers moi et d’une voix douce, je repris :

« Regarde-moi s’il te plait Seb… »

Ce fut à cet instant précis, quand mon regard s’ancrait définitivement dans le sien, que j’ai compris combien j’étais chanceuse de l’avoir retrouvé à nouveau. Pour lui, j’avais plus de haine ou de rancœur, je n’avais que de l’amour. L’amour fraternel qui nous avait toujours liés l’un à l’autre et qui m’avait cruellement fait défaut durant mes années sans lui. Mon pouce caressa doucement sa peau sans que je puisse me détacher de lui :

« Je n’ai plus de malédiction… Je suis en quelque sorte guéri. »

Je soupire en retenant mes larmes qui menacent de couler sur mon visage, mais je souffle lentement en me reprenant :

« Moi non plus, je ne pensais pas te revoir, mais quand je suis… morte là-bas dans notre monde, toutes mes pensées étaient tournées vers toi, vers mes regrets de t’avoir abandonné…. Je suis désolée Sebastian. Je t’aime mon frère. »

Une larme déborde lentement sur ma joue, comme pour symboliser mes éternels regrets s'échappant en même temps de mon corps que mes paroles.