Everton était vraiment un terrain de jeu fantastique.
La joie et l’amusement étaient donc les sentiments qui dominaient la psyché de Jack en cet instant, et pas une once de peur n’était venue mettre une ombre au tableau. Il était pleinement, totalement heureux et s’amusait follement de la situation.
Comme à son habitude les jours où il ne ressentait pas les émotions des autres, il était allé se promener dans les rues de la ville à la recherche de nouvelles connaissances, de nouvelles découvertes. Il observait les alentours en marchant mais commençait à s’ennuyer des réactions et scènes banales qui l’entouraient. Tout cela manquait un peu de piquant, d’inattendu, d’aventure. Tous ces gens se sentaient bien trop en sécurité pour être divertissants, se disait-il en réfléchissant au meilleur moyen de mettre un gentil petit coup de pied dans la fourmilière. Juste pour les sortir du quotidien, pour les faire un peu vibrer d’adrénaline. Il adorait l’adrénaline, elle avait le même goût que le sucre pétillant sur sa langue, celui qui crépite lorsqu’il fond et donne l’impression d’avoir des feux d’artifice sous le palais.
Bref, le Néphilim était plongé dans ce genre de pensées lorsqu’il avait ressenti une forte vague d’inquiétude, à la limite de la panique, et ce n’était pas lui qui l’avait provoquée. Cela l’intrigua, et il se dirigea vers la source de cette peur, dont les autres êtres semblaient s’éloigner rapidement.
L’origine en était une maison dont la structure elle-même et les différents éléments se meuvaient, se transformaient, disparaissaient et apparaissaient sans que même l’esprit analytique du jeune homme ne puisse y discuter un pattern. Tout cela était aléatoire. Un jeu de hasard, merveilleuse invention du Créateur, si divertissante. En apercevant la distorsion dans la réalité que constituait le bâtiment, Jack sourit. Une petite visite s’imposait, sans utiliser ses pouvoirs pour l’instant, histoire de profiter au mieux du spectacle et de l’expérience. Une expérience inédite. Chouette !
Il ne fit pas attention à la voix qui l’appelait derrière lui, et entra. Un escalier au devant de lui, qu’il monta, avant de se retrouver devant une porte, qu’il ouvrit. Derrière cette porte, le même escalier, mais qui descendait cette fois. Amusant ! Il le suivit, puis franchit la fenêtre au bout, sentit le mur s’infléchir à sa droite et se transformer en une grande pièce remplie de meubles… mais au plafond. Un salon à l’envers. Jack sourit et claqua des doigts. Les meubles lévitèrent alors pour réintégrer leur place sur le plancher.
C’est alors qu’il entendit la voix familière. Celle de Grace, qui l’employait tant bien que mal dans son petit salon de thé. Il l’aimait bien, elle était gentille, douce et compréhensive. Elle lui apprenait la vie avec beaucoup de bienveillance et de patience. Il n’avait pas envie qu’il lui arrive quelque chose, ou même qu’elle s’inquiète pour lui.
« Je suis là, Grace. » répondit-il un peu distraitement à la jeune fille qui semblait être de l’autre côté du mur derrière lui.
Tout cela était juste un jeu. Il n’y avait pas à s’inquiéter. Il se concentra et créa une porte dans la paroi, par laquelle il aperçut son amie. Il pencha la tête sur le côté et lui sourit.
« Tu vois, je ne suis pas loin. » continua-t-il calmement.
Mais soudain, la maison changea à nouveau, et un plancher se forma à la place du mur, les séparant à nouveau. Jack haussa les épaules, et continua son exploration.