The feeling of freedom

Mer 31 Jan 2024 - 1:37

A mon sens, il n’y absolument rien de mieux que de sentir le vent sur mon visage. Ce n’est pas tout à fait vrai. Je peux penser à quelques autres choses qui sont bien mieux que cela. Mais rien que je ne puisse vraiment faire aujourd’hui.

Il était tard. Vraiment tard. Et je venais à peine de finir l’un de mes services à l’accueil du Ceasars Palace. Comme toujours, la journée avait été banale. Éprouvante. La plupart des gens pense que parce que je suis hôtesse d’accueil il me suffit de répondre au téléphone et donner leur clés aux gens avec un sourire. Mais c’est bien plus que cela. Beaucoup plus. Il faut savoir répondre aux questions avec tacte. Gérer le planning des chambres pour ne pas créé de conflit. Pouvoir relayer de manière efficace les messages. Et surtout, avant tout, savoir gérer les clients sans créer de vague. Donc la meuf relou de la 407, on la calme avec douceur et gentillesse, sans qu’elle ne menace de parler de mon comportement déplacé à mon manager. On sait tous à qui est la faute, relou de la 407 !

Aujourd’hui c’était un homme. Même pas un client, parce que je me souviens toujours des clients. A la fois mémorable et parfaitement banal. Un homme, plutôt beau gosse, qui était à la recherche d’un de nos agents de sécurité. Enfin, vu la manière dont il parlait de lui, pas sûr qu’il sache réellement quel place Steve avait à l’hôtel.

Bon, je devais avouer que claquer des doigts devant son visage n’était pas réellement un comportement acceptable. Mais il était resté planté là. Le regard dans le vide. Et rien de ce que j’avais fais précédemment n’avait attiré son attention. Il avait de la chance d’être minion et d’être revenu à lui assez rapidement. Un peu plus et je lui collais mon point dans la figure pour le ramener à la réalité.

Et maintenant, ma journée est finie. Il était temps de rentrer et de mettre cette journée derrière moi. Il aurait été, bien entendu, attendu de moi que je récupère mes affaires et que je rentre chez moi. Pourtant ce n’était pas ce que j’avais fait. J’avais laissée tomber mes cheveux. Monter au dernier étage de l’hôtel pour rejoindre la terrasse. Et après avoir vérifié qu’elle soit bel et bien vide, j’avais abandonné mes chaussures à talon. Puis je m’étais rapprochée du bord de la terrasse. Je m’étais ensuite hissée sur le muret supposé protéger les clients désireux d’utiliser la terrasse.

C’est ainsi que je me suis retrouvée pied nue, en équilibre précaire en haut d’un des bâtiments les plus hauts d’Everton. A sentir le vent sur mon visage. Écartant les bras en fermant les yeux. Comme si je voulais embrasser la ville.

Saya Kung

Depuis le temps que je suis ici, mes journées sont rythmées par le fameux leitmotiv métro/boulot/dodo. Enfin, plus ou moins. Je ne dirais pas que je regrette mon ancienne vie. Je dirais simplement que le changement était radical. S’occuper de tout un tas de dossier, ou encore écouter les citoyens et pouvoir faire quelque chose pour les aider, et ce sans avoir à me battre, c’était finalement bien plus agréable que de devoir gérer des séparatistes.
Même si d’un autre côté, la solitude me pesait un peu. Mais ce n’est pas comme si j’avais passé la majorité de ma vie seul.

Toujours est-il que j’avais pris mes petites habitudes dans ce monde qui m’offrait nombre de nouvelles possibilités. Comme le fait de manger un Fish’n’Chips le mercredi midi, une pizza double pepperoni triple dose de fromage le jeudi soir, ou encore, me boire un petit bourbon sur la terrasse du César Palace le vendredi soir.

Et justement, nous sommes un vendredi, et c’est le soir. Et comme d’habitude, j’étais seul, et je prenais la route de la terrasse, croisant deux hommes qui semblaient heureux de se retrouver. Je m’arrêtais rapidement au bar, prenant mon habituel bourbon. Ce qui n’était cependant pas habituel, c’était la réceptionniste sur la terrasse. Encore moins habituel, le fait qu’elle était cheveux détachés, pieds nu, sur la rambarde, en train de jouer l' équilibriste. Cependant, j’hésitais grandement à intervenir. D’autre part, j’avais un peu peur de la surprendre, et de ce fait, de lui faire perdre l’équilibre….
Toute vie étant précieuse, je me décidais à intervenir malgré tout. Me préparant à utiliser la Force en cas de besoin, dans le cas d’une chute par exemple. J’hésitais même à l'utiliser tout de suite, pour la soulever et l’écarter du bord. Mais je choisis de me rapprocher un peu de la rambarde, en lançant calmement :

“Bonsoir mademoiselle. Belle soirée n’est ce pas ? Je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas, mais c’est un peu dangereux, ce serait dommage de tomber. Désirez-vous de l’aide ? Pour descendre, ou simplement une oreille attentive peut-être ?”

J’avais posé mon verre sur la dite rambarde, lui tendant mon bras pour l’aider à descendre. Je restais également sur le qui-vive, prêt à utiliser la Force au moindre problème. Au besoin, je pourrais même utiliser un de mes fameux tour de Jedi pour la convaincre de descendre, même si ce n'était pas vraiment ce que je préférais faire. Contrôler les gens n'était pas vraiment quelque chose que j'appréciais faire. D'autant plus que je doutais de l'efficacité de la chose le cas échéant…

The feeling of freedom

En rétrospective, j’aurais probablement dû m’attendre à ce que quelqu’un vienne sur cette terrasse. Je ne pouvais avoir que rarement des moments calmes et parfaitement isolés. Les gens ne comprenaient pas en général. Il faut dire que je ne faisais pas non plus grand-chose pour être comprise. Alors que je savais parfaitement que dans cette ville tout est possible. Une ville où on peut croiser des super-héros à tous les coins de rues. Encore plus que le monde d’où je venais.

Après l’avoir écouté, je baissais la tête pour regarder ce qui se trouvait en bas. Si loin que j’étais certaine que personne ne ferait attention à moi. Et j’affichais un petit sourire. L’idée que je veuille mettre fin à tout était particulièrement stupide ici.

Dangereux ? Dans le pire des cas, même si j’entrais en contact avec le sol, j’ouvrirais simplement les yeux au Hope Shelter. Comme si absolument rien n’avait changé. La seule chose que cela impacterait c’est la publicité de l’hôtel. Je vois d’ici les gros titres : “Employée du Cesars Palace tente de mettre fin à ses jours en se jetant du haut de l’hôtel”.

Amusée, je secouais la tête. Puis je me tournais pour le regarder. Main tendue vers moi, prêt à m’aider. Bien sûr je savais qui il était. Après tout, c’était mon travail de m’occuper des clients. Les connaître et ainsi que leur habitude fait partie de la description de l’emploi. Je suppose que je n’ai plus rien à perdre maintenant, il parlerait sûrement de ce petit incident à l’un de mes supérieurs.

Mourir ne mènerait à rien. Tout ce que je veux, c’est être libre. Sentir le vent sur mon visage. Et ne pas avoir à me soucier du regard des autres.

Ignorant complètement sa main, je détournais mon visage pour poser mon regard sur l’horizon. D’ici on pouvait voir le lac et par delà, la forêt sans fin. Habilement, je fis quelques pas en arrière sur la rambarde. Puis, pour prouver que j’en étais capable ou pour défier la figure d’autorité qu’il représentait, je tournais plusieurs fois sur moi-même tel une ballerina en pleine représentation. De toute évidence, j’aurais préféré éviter de vivre cet événement traumatique qui à réveiller la mutation qui sommeillait en moi. Cependant, je devais bien avouer que mes pouvoirs sont bien pratiquent. Une fois ma petite démonstration faite et toujours aussi habillement, je me baissais pour m’asseoir sur la rambarde, les jambes pendant dans le vide.

Mais peut-être que ce n’est pas moi qui ai besoin d’une oreille attentive. Vous avez l’air d’avoir vécu beaucoup de choses dans votre vie. Peut-être que c’est vous qui avez besoin de vous confier à une parfaite inconnue sans risque que vos proches apprennent quoi que ce soit de cette conversation. Ou peut-être qu’en réalité je n’ai jamais vraiment été ici. Que tout ceci est une illusion créée par cette ville.

Saya Kung

Jeu 21 Mar 2024 - 22:08

Sa réponse me fait imperceptiblement sourire. Pas que ce soit drôle, mais elle avait parfaitement raison. Je continuais à l’observer, intrigué par ce qu’elle allait faire. J’étais également rassuré de savoir qu’elle ne chercherait pas à sauter. Je me détends un peu, même si je reste un peu en alerte quand même.

Donc tout ce qu’elle veut, c’est de la liberté ? Rien de plus naturel. Moi aussi, maintenant que j’y avais goûté en comparaison de ce que j’avais connu, je ne voulais plus m’en passer.

La voyant faire ses cabrioles sur la rambarde, sans manquer un seul mouvement, je baissais le bras. C’était clair qu’elle ne risquait rien, et qu’elle n’avait pas besoin d’aide pour descendre de là où elle se trouvait. Je me contentais de l’observer, les mains croisées sur le ventre, appuyer sur la rambarde, écoutant ce qu’elle avait à dire. Ses dernière paroles me firent lever un sourcil amusé. Je me saisis de mon verre, le portant à mes lèvres pour en boire une petite gorgée. Avec un sourire bienveillant, je lui répondit, un peu amusé :

“Mademoiselle, seriez-vous en train d’essayer un des ses fameux tours de Jedi ? Vous avez cependant raison, j’ai vécu bien des choses dans ma vie. Mais, je n’ai aucun proche qui pourrait apprendre quoi que ce soit.”

J’haussais les épaules, reprenant :

“La solitude fait partie de moi depuis longtemps. Ce n’est pas maintenant que ça va changer. Même si il y a bien une ou deux personnes qui me manquent, mais comme tout le monde ici, n’est ce pas ? Je n’ai tout simplement pas eu la chance de les retrouver. Je n’ai, pour être honnête, pas même une once d'espoir de les revoir…”

Des images d’Anakin et de Satine passèrent rapidement devant mes yeux. Secouant un peu la tête pour les chasser, je repris un gorgé de bourbon avant de poursuivre :

“Je ne chercherais pas à vous faire parler si vous ne le voulez pas. Vous avez mentionner la liberté. Puis-je faire quelque chose pour vous aider sur ce point de vue ?”

Sam 30 Mar 2024 - 16:34

The feeling of freedom

Un tour de Jedi ?

La référence me fit sourire. Est-ce que ce n’était pas un peu vieillot comme référence ? Enfin… Je n’avais pas regardé plus d’un de ses films. Donc je n’en savais pas vraiment plus. Et puis c’était peut-être de sa génération. Peut-être même qu’il aimait parce qu’il s’y voyait dedans. Je suis presque sûr qu’il y a un personnage donc le nom de famille et Kenobi aussi. Mais beaucoup plus vieux que lui. Je haussais les épaules en continuant de l’écouter.

Vous voulez dire autre chose que ne pas dire à l’un de mes supérieurs que j’ai des tendances suicidaires lorsque tout le monde à le dos tourné ?

Ce serait quand même le pompon. La cerise sur le gâteau. Qu’il veuille me sauver alors que je ne suis absolument pas en danger et ensuite qu’il me fasse virer pour ce que j’avais fait. Après tout, j’aimais bien mon travail. Même avec des clients difficiles, c’était amusant. Particulièrement dans une ville où personne ne peut sortir. C’était toujours intéressant de voir qui se permettait de louer des chambres à l’hôtel. Il y a bien sûr les grands classiques. Mais il servait aussi de vacances pour certaines personnes. Je suppose que quand on ne peut pas partir de la ville, on trouve des solutions créatives. Quoi de mieux qu’un hôtel de luxe avec un casino ?

Est-ce que vous avez déjà plané au-dessus d’une ville ? Slalomer entre des immeubles. Avoir un point de vue que personne d’autre ne peut avoir. C’est ce que je veux. Je veux me laisser emporter par le vent. Le sentir me fouetter et voir où il me mènera.

En parlant, j’avais détourné le regard pour le planter dans le vide en face de moi. Pendant un instant, je fermais les yeux. Même si mes paroles pouvaient laisser penser à un rêve impossible, je l’avais déjà fait. Plusieurs fois. Et je l’aurais probablement fait aujourd’hui aussi, si je n’avais pas été interrompue.

Cette ville me donne beaucoup plus de liberté que je n’en ai eu dans ma vie. Il y a dix ans, j’ai eu un accident. Et pour ma sœur, ça à tout changer. Je suis en vie aujourd’hui grâce à elle. Ce jour m’a changée. Mais elle aussi, elle n’a jamais vraiment été la même après. Et ça… venir me tenir en équilibre au bord d’un précipice… Ça n’a jamais vraiment arrangé les choses.

Un léger sourire étira le coin de mes lèvres. Peut-être que ce n’était pas la liberté que je cherchais vraiment. Même après avoir passé deux ans ici, ma sœur me manquait. En arrivant ici j’avais définitivement pris du recule par rapport à Seattle. La différence c’est que je ne pouvais pas juste décrocher mon téléphone pour lui parler.

Saya Kung

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