@Steve Rogers  & James B. Barnes

Alors que je sortais du Hope Shelter, je me sentais comme groggy, happé par tout un tas d’informations que je mis un certain temps à remettre en place dans mon esprit. J’avais des adresses, des lieux de travail pour les différentes personnes dont j’étais parvenu à me souvenir. Enfin, les personnes… Elles n’étaient pas si nombreuses que cela puisque d’une part, j’avais un mal de loup à me remettre de mes émotions et d’autre part, j'étais considérablement déçu d’apprendre qu’Apolline n’était pas ici.

Sans attendre plus longtemps, je repris le morceau de papier sur lequel était inscrit le nom de l’endroit où travaillait Steve, mais également Natasha. J’ignorais sur qui j’allais tomber en me rendant là-bas, mais une chose était certaine, je devais m’y rendre. Trouver une personne, au moins une, qui aurait pour moi un visage familier et me redonner un semblant d’espoir et de vie. Depuis mon arrivée, près d’un an auparavant, je me sentais comme déconnecté de cette réalité, tout comme j’étais déconnecté de mon monde d’avant. Perdre la mémoire a été une terrible épreuve, mais devoir lutter pour retrouver mes souvenirs et faire cela seul, cela a été pour moi un véritable enfer.

Après avoir prévenu mon employeur que j’aurais du retard, voire que je serais absent pour la journée, je me rendais donc au Ceasars Palace pour y retrouver mon frère de cœur ou bien une ancienne collègue et amie. Je devais avouer que j’espérais grandement trouver Steve en premier. Devant lui, je savais que je pourrais être moi-même et surtout, j'avais un lien bien plus conséquent avec lui. C’était tout simplement vêtu d’un jean bleu foncé, d'un t-shirt noir et d’une veste noire en cuir qui recouvrait mon bras que je me rendais à l’entrée de l’endroit. Mais alors que je présentais mes papiers à l’entrée pour pouvoir pénétrer dans le bâtiment, je me hasardais à demander directement à l’hôtesse d’accueil si elle connaissait un certain Steve Rogers. Lorsqu’elle m’annonça avec le sourire qu’il se trouvait dans une salle précise pour s’occuper de la sécurité, mon cœur manqua un battement avant de cligner plusieurs fois des yeux pour réaliser que j’étais toujours devant cette même hôtesse qui parlait dans le vide en claquant ses doigts devant mes yeux. Je la remerciais avec une certaine nonchalance avant de prendre la direction qu’elle venait de m’indiquer quelques secondes plus tôt.

Ce fut lorsque j’entrais dans la salle que mon regard la passa en revue afin de trouver l’objet de ma venue dans cet endroit. Lorsque mon regard se posa sur lui, j’eus comme l’impression de retrouver un premier morceau de moi-même. Comme si en réalité, depuis mon arrivée, je ne faisais que survivre, agonisant en attendant de me retrouver totalement. Mais maintenant que je le voyais et qu’il posait lui aussi son regard sur moi, je me sentais plus vivant que jamais. Steve comptait énormément pour moi et le savoir ici, dans ce monde, en pleine forme et probablement en paix et en sécurité, cela me rendait plus qu’heureux, fier d’être son ami. Je fis les quelques pas qui me maintenaient loin de lui avant d’écarter les bras en approchant de sa personne et de l’étreindre sans forcément faire attention à ma force :

« Steve… Enfin, je te retrouve… J’ai bien cru que jamais je ne te reverrais. »

 @Steve Rogers  & James B. Barnes

L’on ne va pas se mentir, je n’ai jamais été un grand expansif de mes sentiments et encore moins depuis que j’avais été sous la coupe de l’Hydre. Non, j’étais plutôt le genre d’homme trop fier pour oser dire, je t’aime ou bien celui qui pense qu’un regard ou une action a bien plus de valeur qu’une parole. Cependant, maintenant que je me trouvais en la présence de mon meilleur ami, de mon frère, du pilier de toute mon existence qui ne m’a jamais, ô grand jamais, laissé tomber, je ne pouvais pas ne pas faire un geste envers lui et rester de marbre. Alors oui, j’avais pressé le pas dans sa direction et je n’avais pas perdu une seconde pour le prendre dans mes bras.

Sa boutade me fit sourire silencieusement avant de me reculer pour le laisser respirer même si je savais pertinemment qu’il n’était pas en train d’étouffer. C’était limite s’il n’était pas plus costaud que moi avec son sérum de super soldat. Seul mon bras pourrait véritablement rivaliser avec lui, mais pour moi nous étions égaux.

« Pardon mais… je suis si content de retrouver un visage connu dans ce monde de fou… »

Sa main sur mon épaule me fit un bien comme une madeleine de Proust entre nous. J’avais toujours cette habitude de me tenir ainsi face à lui et je ne tardais pas à poser une main moi également sur son épaule tout en l’observant lentement comme pour figer cet instant dans ma passoire qui me servait de mémoire. Je n’étais pas encore certain d’avoir toutes les informations et toutes les cartes, mais lui pourrait m’aider à coup sûr.

Lorsqu’il me proposa de sortir pour aller prendre un verre, je hochais simplement la tête. Oui, retrouver mon frère était si important à mes yeux que j’aurais même pu attendre qu’il termine son service pour prendre le temps de parler avec lui. Mais sa proposition me faisait tout autant plaisir que je ne pouvais qu’accepter.

Je l’écoute et le regarde s’avancer vers le bar. Je ne peux m’empêcher de jeter un coup d’œil dans la salle, pour voir si je rencontre un autre visage qui pourrait m’évoquer quelque chose, mais non, rien de tout cela… Alors, je m’avance derrière lui pour le suivre en même temps qu’il prévient ses collègues.

Du coin de l’œil, je ne tarde pas à remarquer un autre homme, habillé sensiblement pareil que Steve et qui prend silencieusement sa place. Je l’inspecte des yeux avant de reporter mon attention sur Steve. Une déformation de mes compétences de chasseur et de traqueur qui fait que je prends connaissances des moindres détails. Et puis, je sais aussi qu’il n’y a pas que les « gentils » qui sont arrivés dans ce monde et ce que je crains le plus c’est que l’hydre également soit d’ores et déjà infiltrée dans cet univers.

Cependant, l’heure n’est pas à la méfiance et à l’espionnage, mais bien à des retrouvailles dont je compte bien en profiter tout en m’installant aux côtés de lui au bar. Une main sur son épaule, un regard confiant à son égard, mais une question qui me taraude alors qu’il commande deux bières…  

« Je veux bien te raconter mon périple, mais avant tout… Qui est Beth ? »

Autant, je me souvenais de Natasha et d’Apolline, mais le prénom de Beth ne me disait absolument rien…