✫ ✫ J'entendais des voix autour de moi. Comme en train de me réveiller d'un lourd sommeil depuis les limbes éternelles, j'avais l'impression d'avoir reçue un terrible coup sur la tête. Elle me martelait. Pourtant, je ne décelais aucune odeur de la forêt. Pas d'humus, ni d'écorce. Pas d'odeur de rosée ou encore moins celle du souffre, caractéristique que la chasse sauvage laissait derrière elle. Non, il n'y avait rien de tout cela ici. Même le tapis de feuille que formait la forêt semblait soudainement plus doux et plus confortable, comme n véritable lit, digne des plus grandes maisons. Pourtant, mon dernier souvenir remonte bien à cette course et Ciri qu'il fallait absolument protéger... Ciri !

J'ouvrais les yeux en même temps que je me redressais à l'impact que ce nom eu sur moi. Celle de ma fille adoptive, la protégée de Geralt. A croire que le Destin s'amusait à nous faire entrechoquer, le sorceleur et moi. Je grimaçais en sentant le sang frappe lourdement ma tempe droite. Un tissu a été placé dessus. Un bandage ? Je vis flou quelques secondes alors que mon oreille sifflait. Pourtant j'en avais vu des plus belles que ça...

Je finis par me redresser alors que j'inspectais la pièce. Tout ce que j'avais connu a disparu. Et tout dans cette pièce, même les murs en ex mêmes ne me disait rien. Soudainement paniquée à l'idée d'être tombée dans un piège, je sortis du lit d'un bond. Heureusement mes vêtements était encore sur moi. Une première personne vint à moi avec un sourire amicale. Elle tenta de m'obliger à me rasseoir mais j'en décidais autrement. Je lui attrapais le poignet et le tordit dans un sens avant de claquer des doigts contre sa poitrine, l'éjectant à l'autre bout de la pièce.

J'en profitais pour sortir. Un long couloir se dressait devant moi alors que je tentais d'appeler ma fille. Etait elle en sécurité ? Elle était si jeune ! La panique délivra une charge d'adrénaline dans mon corps alors que j'ouvris, porte après porte en l'appelant.

« Ciri ? Ciri ! Où es tu ? »

Plusieurs tentèrent de me calme mais à chaque fois, le même sort les frappait et atterrissait plusieurs mètres derrière.

« Ne me touchez pas ! »

Une boule de feu dans les mains, je la lançais sur un homme qui se jeta au sol. La boule de feu atterrit sur un meuble en bois. Déjà les flammes s'élevait alors que je recommençais vers un autre. Je me frayais un chemin jusqu'à l'immense hall sur ce qui ressemblait à un rez de chaussée alors qu'à plusieurs endroit, les flammes rongeait déjà le bâtiment. Il ne faisait pas bon de me mettre en colère !

« Qu'avez. vous. fait. de ma. fille !?! »

J'appuyais chaque mot. J'appuyais chaque lettre entre mes dents serrés, alors que la gerbe de flamme explosa autour de moi. Cette fois ci, j'étais prête à mettre ce bâtiment en cendre et toute la ville entière pour Ciri. Je réussis à attraper un homme à l'épaule et le secoua dans ma rage.

« OU EST ELLE ? »

✫ ✫ J'aurais pu brûler le bâtiment entier, peut être étais-je en train de le faire. Honnêtement je m'en fichais. La colère et la panique d'être dans un endroit que je ne connaissais pas, sans Ciri dans les parages me rendait beaucoup trop nerveuse pour garder mon sang froid.

La pauvre femme que je secouais était au bord des larmes. Je la regardais de mes yeux violets, plein de rage alors que le feu se répandait tout autour de nous. Je lui hurlais une question et elle sanglota encore plus fort. Jusqu'à ce que j'entendis un craquement sinistre sous le feu crépitant et grondant. Peut être est ce que j'y suis allée un peu trop fort.

Jusqu'à ce qu'un homme à la large carrure, aux habits étranges s'interposa, me tirant la poigne que j'avais sur cette pauvre femme qui n'avait finalement rien demandé à personne. Il lui parla, à travers son masque et le couvre chef qu'il possédait sur la tête. Sa voix pourtant, rauque, profonde. Je m'arrêtais subitement alors que je me redressais.

Il me fit face.
Et mon monde s'écroula.
Geralt.

Je reconnaitrais cette carrure, cette voix, même déformée, son attitude, son comportement. Mon cœur rata un battement mais je ne laissa rien transparaitre du feu intérieur qui me dévora à la vue du sorceleur. Au lieu de ça, je l'entendis prononcer mon surnom, de sa voix surprise et rauque et jurer par la même occasion. Je relevais mon regard vers son masque. Je ne voyais pas ses yeux à travers le verre fumée mai je pouvais sentir son regard perçant, ses yeux or me dévisager.

L'améthyste dans l'or.

Je repris mes esprits à ce moment là, ma fureur se baissant au rythme que sa présence me calmait. Comment peut on avoir une âme dans la peau à ce point ? Est ce à cause de ce vœu qu'il avait fait il y a longtemps avec ce Djinn ? Symbole de notre première rencontre, ou est ce simplement le destin qui me le mettait constamment sur mon chemin pour consoler mon âme. Ou me torturer. Douloureux rappel que Ciri n'était pas là.

« Geralt ? »

Je finis par poser ma main droit sur sa poitrine, à travers l'habit étrange et qui semblait lourd même sur lui. Je relevais mon regard vers lui, soudainement pas prête à recevoir sa fureur quand il aura appris que j'ai perdue la trace de Ciri.

« Oh Geralt ! Ciri est en danger ! La chasse sauvage la traque ! On doit absolument la retrouver avant eux ! Elle a su que tu te trouvais à côté et elle a fugué. Est ce qu'elle est avec toi ? Dis moi qu'elle est avec toi ! »

Si il y a bien une personne avec qui je pouvais montrer mon désarroi et mon inquiétude pour Ciri c'était bien avec le sorceleur. Mon sorceleur. Ma pensée m'extirpa un demi sourire alors que je relevais mon regard vers l'endroit où je supposais était le sien, espérant qu'il me rassure quand à l'état de ma fille.

✫ ✫ J'avais senti son tressaillement quand je posais ma main sur sa poitrine. Aussi, je préférais la retirer après avoir parlé d'une voix précipitée qu'il fallait absolument trouver Ciri. Au lieu de cela, il me prit dans ses bras. Sentir ses bras musclés autour de moi, sentir son parfum, sa chaleur, sa présence, tout son être enivrait le mien. Il parla d'une voix profonde à travers son masque mais je pouvais déceler les émotions à travers sa voix. Je le connaissais par cœur. Après m'avoir rassuré, il nous déplaça vers la sortie. Je marchais tant bien que mal dans ses bras, alors qu'il se précipitait pour sortir du bâtiment.

L'extérieur me parut encore plus étrange que l'intérieur du bâtiment. Je ne reconnaissais rien. Pas même l'espèce de sol dur, froid et noir. Pourtant, il semblait bien habitué au lieu. Que se passait il donc ? Il s'arrêta à hauteur du camion alors qu'il retirait son casque et son masque. Ses cheveux blanc était en bataille alors qu'il tentait de remettre ses cheveux en ordre d'un geste de la main. La sueur perlait sur son front alors qu'il plongea son regard dans le mien.

Ne pouvant ressentir à l'instant, l'intensité de ses yeux, je me détournais de lui et commença à faire les cent pas, incapable de rester en place, alors qu'il prit la parole m'affirmant que Ciri allait bien, qu'elle était surement à l'université. Je tiquais. Partir de la ville ? J'éclatais alors, portant mon regard sur l'homme en face de moi, le détaillant de haut en bas. Il ressemblait à Geralt, c'était bien lui. Mais pourquoi semblait il si différent ? Si ... à l'aise dans cet univers ?

« Je comprends rien de ce que tu dis Geralt, je ne sais même pas où on est. Tout est si étrange ! La dernière fois que j'ai vu Ciri, elle devait être à peine âgée de douze ans Geralt. Comment veux tu qu'elle étudie quoi que se soit, elle n'as même pas été à Aretuza ! »

Je plantais mon regard dans le sien quand il le fit aussi. Me perdre à nouveau ? J'eus un sourire à ce moment là et m'approcha de l'homme, doucement, féline. Je posais ma main sur sa poitrine comme avant. Puis je haussais un sourcil, avant de murmurer, redressant mon visage vers le sien, à seulement quelques pouces du sien.

« Tu ne me perdras jamais, en as tu bien conscience, Sorceleur ? »

J'aimais le taquiner en l'appelant ainsi. De la bouche de beaucoup, il s'agissait d'une insulte, pour moi, c'était une appartenance. Il était mon sorceleur. Je finis par déplacer ma main vers sa mâchoire et repris, tout de même inquiète.

« Si tu me dis que Ciri vas bien, alors je te crois, je sais qu'elle est en sécurité quand tu es là. Mais j'aimerais d'abord savoir où on est, quel est cet endroit étrange ? Et qu'est ce que c'est que ces accoutrements que tu portes ? »

C'était à mon tour de poser mille et une questions. Je me détachais de Geralt pour reculer de quelques pas et fixer tout autour de moi. Comme si il s'agissait d'un nouvel univers. Etait ce le cas ?

✫ ✫ Il semblait comprendre bien plus que moi la situation. D'habitude, c'est moi qui avait ce pouvoir. Le voir dans ses yeux n'arrangeait pas à ma frustration. Quand il se passa une main sur le visage, comme défaitiste, il m'expliqua qu'on ne venait pas de la même temporalité. Alors... j'aurais quoi... voyagée dans le temps en plus de voyager dans l'espace ?

Je lui lançais un regard interrogateur, en haussant un simple sourcil délicat pour toute forme de questions alors qu'il me parla du lieu où on se trouvait. Une ville dont on ne pouvait sortir. Everton. Il me parla des règles et plus il parlait, je me mis à trembler, et plus je fis les cent pas pour tenter de digérer toutes les informations. Il m'expliqua que Ciri avait bien grandi, qu'elle était devenue puissante. Ayant croisée les bras dans ma reflexion intense, je m'arrêtais soudainement, de profil face à lui, je jetais soudainement une mèche de cheveux corbeau de mon épaule dans mon dos et ferma les yeux dans une façon très hautaine avant de déclarer avec force.

« Je suis déjà fière d'elle. C'est ma fille ! »

Je finis par porter mon attention complète sur Geralt. Un habit de pompier. Effectivement, si il n'y avait pas de monstre à tuer, son activité principale ne servait à rien. Un demi sourire traverse mes lèvres quand il m'explique sauver des chatons et éteindre des incendies. Donc il reste au service de la population. Cela m'étonnes de sa part. Je hausse une nouvelle fois un sourcil avant de le regarder, toujours en gardant un sourire sur les lèvres.

« Alors tu es resté au service de la population ? N'y avait il pas une activité qui pourrait te permettre de travailler pour toi avant tout ? »

Je n'étais pas du genre tourné vers les autres, sauf quand il s'agissait de Geralt et de Ciri. Mais en général, je ne devais rien aux gens et c'était très bien comme ça. Je préférais garder un sentiment de pouvoir de ce côté là. Geralt me tira de mes pensées par des questions surprenantes. Il était nerveux. C'était étrange de le voir nerveux, lui qui n'étais jamais très démonstratif. Enfin, tout dépendait de la situation. Le souvenir de plusieurs nuits dans les bras du sorceleur me revient en mémoire et je hausse les yeux aux ciels avant de me diriger vers lui. Je plante mon regard dans le sien et lui répondis avec l'assurance dans la voix.

« Eh bien, dans... ma temporalité, on était pas en très bon terme mais tu m'as écrit une lettre pour que j'éduque Ciri. Elle est restée avec moi un moment. Elle a fugué pour te rejoindre. »

Maintenant, tout ceci me semblait bien futile. Coincée dans un espace qui n'était pas le monde que je connaissais était quelque chose de plus important et l'union faisait la force. Alors...

« Il va me falloir du temps, tu le sais mais nos âmes sont liées par le destin. La dernière fois que l'on s'est quitté j'étais très en colère contre toi. Mais maintenant, tout ceci me semble bien loin. »

Elle s'approcha rapidement du sorceleur pour accaparer le col de sa veste étrange et plaquer ses lèvres contre les siennes. Il sentait la fumée, le feu de bois, la transpiration, mais son odeur à lui. Elle était réconfortante, rassurante. Je me détachais de lui, après un temps et lui murmura doucement.

« Cela répond-il à tes questions ? »

✫ ✫ Je l'écoutais parler de son métier, de son envie d'aider les autres, qu'il avait acquis cela par l'expérience. Je croisais les bras, absolument pas satisfaite mais ne dis rien. Je réfléchissais à ce point de vue bien différent que celui que possédait mon Geralt, celui de mon époque, de ma dimension. Sorceleur c'était sa vie, pas un métier. Il avait souvent fait preuve de neutralité et ne choisissait jamais un camp, cela avait d'ailleurs valu beaucoup d'ennui à l'homme présent devant moi. Et les chasseurs de monstres ne sont jamais les biens vus, malgré leurs vies à aider les autres. Alors, savoir qu'il le faisait ici alors qu'il aurait pu recommencer autre chose, je trouvais cela étrange. Peut être avait il raison, l'expérience lui avait prouvé qu'il se sentait à l'aise là dedans ? Ce n'était pas pour moi.

Et puis, je lui coupais la parole, l'embrassant avec passion. Dire qu'il m'avait manqué serait mentir. C'était évident. Et son odeur réveilla mes sens, comme si mon âme était enfin complète. Je finis par me séparer de lui, doucement, mais resta contre lui. Je fermais les yeux avant de les rouvrir, un sourire narquois accroché aux lèvres avant de lui demander si cela répondait à ses questions. Sa réponse vint quelques instant plus tard alors qu'il me murmurait qu'il voulait tout de même vérifier quelque chose. Il m'attira à lui, écrasant ses lèvres contre les miennes. Sa carrure m'engloba, comme si je pouvais me fondre en lui, deux pièces d'un même puzzle, deux morceaux d'âmes écorchées par la vie qui semblait soudainement se compléter et ne faire qu'un. Je répondis avec la même ferveur à son baiser mais déjà, trop vite, il s'éloigna. L'entendre prononcer ces mots à haute voix fis traverser un frisson sur ma peau, laissant la marque de sa voix sur mon corps. Un sourire, cette fois ci sincère, heureux, se dessina sur mes lèvres.

« Moi aussi Geralt. »

Et c'était vrai. Il était celui qui s'amusait à s'enfuir et revenir dans ma vie, mais toujours nos âmes seront liées. Nos destins entremêlées à jamais. Même jusqu'ici dans cette région dont on ignorait tout, on arrivait à se retrouver. Je restais cette fois ci collé à lui, ma main sur sa poitrine à travers la couche de vêtements qui sentait la fumée et le feu.

« J'ai besoin de voir Ciri, de me changer et tu as besoin d'une eau et de vêtements propres. »

Comprenez par là, que je ne voulais pas rester plus longtemps ici et que je voulais revoir ma fille. Une fois dans mon champ de vision, cette angoisse encore présente dans mon ventre, s'estompera t-elle définitivement ? Peut être que ce mirage lointain d'une vie de famille se dessinerait elle ici, à l'horizon ?

✫ ✫ Je ne comprenais rien à ce qu'il me disait de ces mots qui ne devaient être présent que dans cette ville étrange. Un poste. Ca, cependant j'avais compris. Donc il était le chef de ces hommes qui éteignaient les flammes que j'avais créée ? Oh. Alors, c'était partiellement ma faute si il était présent ici ? Commençant à mettre de l'ordre dans mes idées, je suivais, silencieusement l'échange qu'il avait avec l'homme qu'il venait d'appeler. Jusqu'à ce que j'entende mon nom et que je me redresse, comme piqué sur le vif, lançant une œillade noire et hautaine à l'homme qu'il venait d'interpeller.

Oui c'était moi. Je croisais les bras, un petit sourire trônant fièrement sur mes lèvres. Pas besoin de parler pour s'imposer. Jusqu'à ce qu'il me parle de cet alter égo. Marcher ? Pas de problème, cela me ferait sans doute du bien après tout. L'angoisse ne pas avoir Ciri encore avec moi, à mes côtés était toujours là et surtout, l'adrénaline du feu était toujours présente. J'avais besoin de me vider l'esprit. Mais je ne pourrais être calme qu'en revoyant ma fille. Je lançais une œillade interrogatrice à Geralt qui se voulait surement rassurant dans ses propos. Un sourire s'était glissé sur ses lèvres fines, barrée d'une cicatrice, il se voulait réconfortant alors que sa main dans mon dos ne m'avait pas quitté jusqu'à ce qu'il me propose son bras.

Je fixe intensément sa demande, incapable de la saisir pour le moment et décide de me détourner de lui, sans dire un mot et marcher dans la direction opposé au bâtiment en flamme, faisant quelques pas. Il venait de me dire que Ciri était à l'université.

« A l'université... Comme une académie ? »

Et si... si, elle était plus vieille que dans mes souvenirs ? Et si le temps avait tout altéré et que... Je ne pouvais supporter l'idée qu'elle m'en veuille parce que je n'étais pas là pendant toute ces années. Pour moi, cela ne faisait que quelques heures. Je sens l'angoisse revenir de plein fouet. Et je me retourne vers Geralt, le regard paniqué.

« Quel âge à Ciri ? Et si ... elle me détestait parce que j'étais partie trop longtemps pour elle ? Alors que cela ne fait que quelques heures pour moi ? »

Je suis une sorcière. Je me devais de rester forte et infaillible. Nous étions les conseillers du monde, de la politique, des peuples. Nous étions les guides. Comment remplir ma mission sur je suis incapable de contrôler ma peur quand il s'agissait de Ciri ? Et il a dit notre fille. Alors, nous vivions ensemble ? Mais... Je ferme les yeux, inspirant à fond, tentant de contrôler le flot de pensées indomptables qui envahissaient mon esprit. Je soufflais, cherchant à contrôler ce flot et cette magie qui bouillonnait et je reprend d'un ton ferme mais plus doux.

« Si tu dis que Ciri ne risque rien, alors je te suis. »

Et finalement, tente de lui adresser un sourire. Pale, surement lointain de ceux que je lui adressais. Mais je faisais un effort. Il subissait mon angoisse et ma colère de plein fouet et n'y étais simplement pour rien.

✫ ✫ « Oui Yenn, comme une académie. Enfin, ici ça ressemble plus à l’université d’Oxenfurt… »

Oh.

Je ne dis rien en échange de cela, prend une direction avant de me retourner vers lui paniquée. Il manqua de me rentrer dedans mais alors que je lui lançais mes angoisses au visage, et alors que je tentais de me montrer forte, il s'était encore avancé vers moi, me prenant dans ses bras. Sa chaleur engloba mon être, son odeur, sa respiration lente et régulière, presque... inexistante. Il y avait tant de mystère autour des sorceleurs. Et pourtant, il était là, à me réconforter sur ce que je ressentais, à me serrer dans ses bras pour me rassurer. Et sa voix profonde, qui sort de sa gorge, de sa poitrine vient consoler mon ouïe, comme une douce caresse.

Un sourire se fait sur mon visage, le vrai, sincère, depuis le début que je suis arrivé. Il réussit à calmer, il me promet de nouveau de m'emmener la voir. C'est là qu'il parle de me laver pour être présentable. Je me détache de son étreinte et le fusille du regard un instant. Puis, prenant une voix parfaitement hautaine et précieuse, j'annonçais.

« Sache Sorceleur, que je suis toujours présentable ! »

Puis un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je prend un air complice pour lui signifiait que je plaisantais. Bien que ma boule d'angoisse ne disparaitra que lorsque je verrais Ciri de mes yeux, j'avançais dans la direction qu'il m'indiqua.

« Mais si tu me proposes un bain, je ne refuse pas ! »

Cette fois ci, un sourire complet vient étendre mes lèvres. Un sourire sans arrière pensée, uniquement dirigé pour lui, alors que j'attends qu'il vienne marcher à côté de moi, à hauteur égale. De là, je pourrais l'observer du coin de l'œil, observer ce Geralt qui ressemblait en tout point à celui que je connaissais et pourtant qui semblait si différent. Il y avait quelque chose chez lui, quelque chose qui m'attirait sans que je ne sache quoi. Je sais que notre relation a toujours été conflictuelle, pleine de doute, pleine de promesse et de choix, pas forcément les meilleurs mais il restait toujours vers celui que je me tournerais, celui qui, toujours resterait à mes côtés. Sa simple présence suffit à m'apaiser tout en échauffant ma peau. C'était terrible de l'avoir gravé dans ma chair, sur chaque parcelle de mon être. Mais peut être que ce monde, loin des intrigues politique du notre, loin du chaos et de la chasse sauvage qui en voulait au pouvoir de Ciri, peut être que je pourrais faire tomber des barrières.

Pour lui.

✫ ✫ Je me tends, imperceptiblement quand il parle de nous. De notre relation. Je ne le regarde pas, préfère poser mon regard fixe, droit devant moi pour ne pas lui montrer mon trouble à cette question. Geralt et moi, cela a toujours été tumultueux, toujours été ambiguë, sans vraiment réussir à se dire les choses. Sa neutralité a causé des ravages, ma passion et le destin en a fait d'autres. Et pourtant, est ce que j'aime le sorceleur ? Oui, c'était un fait évident. Il était ma dualité, cette pièce qui me complétait, ce négatif parfait qui faisait de mon être une personne entière quand il était à mes côtés.

« Tu es parti, à ce moment là. Ciri voulait te rejoindre parce qu'elle a su que tu n'étais pas très loin d'où l'on se trouvait. C'est... C'était compliqué. Mais je ne peux te blâmer entièrement, je suis partie aussi de mon côté. Mais cela remonte à si loin maintenant... »

Il continue de parler, m'explique qu'il n'est pas le Geralt que j'ai connu. Ce qui explique ces changements de comportements. Je réfléchis à toute vitesse et finis par hocher la tête positivement, tournant mon visage vers lui pour lui adresser un sourire doux.

« Je comprends ce que tu veux dire oui. Tu viens d'un temps différent du mien, on a surement pas vécu les mêmes choses. C'est compréhensible. Bien qu'étrange à concevoir. »

Je tentais de le rassurer, de me dire qu'il n'y a pas d'autres Geralt, que c'est forcément celui que j'ai connu, que j'aime, mais qui n'as pas la même expérience, simplement. Je tente de me convaincre de cela quand il finit par se tourner vers moi, me faisant m'arrêter. Je redresse mes yeux violets vers les siens, d'un jaune éclatant. Je sonde son regard, cherche à comprendre ce qu'il tente de me dire. Et je l'écoute. Je n'aurais pas été Yennefer de Vengerberg, je crois que j'aurais rougis jusqu'aux oreilles face à son regard si intense et ses paroles qui tombèrent dans ma poitrine, faisant voler en éclat ma cage thoracique. Cela prend plusieurs secondes, fixée dans son regard, avant que je m'avance d'un pas, et lui attrape sa main de la mienne, croisant nos doigts, les entremêlant ensemble. C'est un geste tendre, sincère que je lui adresse à ce moment là.

« Je t'aime aussi. Le nier serait stupide. Si ici, la rédemption et le pardon sont possibles alors, oui, je pourrais bien te laisser une chance, Geralt de Riv. Mais il faut que tu comprennes que tu es parti parce que tu n'as pas su faire de choix. Je garde toujours une rancœur vis à vis de cela. Cela me demandera du temps. Tu devras être patient. Le seras tu ? »

Je arausi un sourcil délicat, cherchant à observer chacune de ses réactions, cherchant à déceler ce qu'il pense, ce qu'il souhaite. L'énigme Geralt, ce sorceleur qui prompt à la neutralité, à ne pas prendre parti. Peut être qu'un jour, nous serions capable de nous aimer sans ressentiment, sans qu'on ne parle de destin ou de statut social. Simplement Yenn et Geralt, deux êtres qui sont liés à jamais par un amour pur et sincère. Peut être qu'ici, se sera le cas. Et je sens l'espoir d'une nouvelle ère commencer à germer dans ventre, sentant sa chaleur se rependre dans mon esprit.